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Merlin chat conteur

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Des chats, des mythes, des contes, des récits, des états d'esprit et des enchantements


Franz Pforr, une vie éphémère entre foi et peinture

Publié par Viviane Caroline S sur 6 Avril 2024, 15:34pm

Catégories : #Franz Pforr, #Peinture, #Peintre allemand, #Mouvement nazaréen, #Biographie, #Viviane Caroline SZ

 

Né un 05 avril, Franz Pforr (1788-1812)
Voici son portrait, peint en 1810, par son ami très proche, de quinze mois son cadet, Johann Friedrich Overbeck (1789-1869).  Je l’ai choisi pour ce joli petit chat à l’air pensif, aux yeux mi-clos, et dont l’expression douce est encore renforcée par cette tête inclinée et comme évoquant le recueillement. 

Une atmosphère paisible se dégage de l’ensemble contenu dans cette ouverture en ogive.  Homme et chat, et une femme au visage recueilli en arrière-plan, penchée sur son ouvrage, se tiennent comme en un instant arrêté sous les clochers qui se dessinent du plus proche au plus lointain.

Ne serait-ce le rapace entravé, tout serait si doux… Était-il de mauvais augure quand on sait que Franz Pforr, qui n’avait que 22 ans au moment de ce touchant portrait, n’avait plus que deux ans à vivre de sa courte existence ?

 

Ci-dessous, un auto-portrait du peintre : il l'a exécuté en 1810, c'est-à-dire la même année que le portrait qu'avait fait de lui son ami Johann Friedrich Overbeck.  Il s'y représente pâle et les joues creusées.  Signes de la maladie, déjà, qu'il souhaitait nous donner à voir, tandis que les peintures qui nous restent de lui arborent les couleurs vives significatives de son style ?

Autoportrait (1810)

 

Brièveté de la vie de Franz Pfoor…. Et pourtant il est considéré comme l'un des plus importants peintres du romantisme allemand, laissant derrière lui une centaine de dessins et quelques tableaux achevés.

 

Raphaëil, Fra Angelico et Michel-Ange au-dessus de Rome (1810)

 

Amis proches, Franz Pforr et Johann Friedrich Overbeck furent tous deux formés à l'Académie des Beaux-Arts de Vienne, alors caractérisée par l'empreinte du néo-classicisme.  Mais ils en furent exclus après être entrés en opposition avec l'apprentissage trop académique à leur goût qui leur était imposé.  À Vienne, les deux amis, la foi au coeur, avaient fondé avec d'autres la Confrérie de Saint Luc.  Franz Pforr était entré à l'Académie en 1805, année de conflit avec la France.  Mélancolique, durant cette période il avait souffert de dépression nerveuse, clivé entre son attirance pour une vie de retrait spirituel et son désir de voir et représenter l'action militaire.  Est-ce pour échapper à ce dilemme intime qu'il se tourna aussi résolument ensuite vers la religion ?

 

L'entrée de l'empereur Rodolphe de Habsbourg à Bâle en 1273

 

Après leur exclusion de l'Académie, Pforr et Overbeck partent pour l’Italie avec un troisième ami peintre.  C'est une autre vie qui commence pour eux.  Installés à Rome en 1810 (année de l'exécution du portrait et de l'autoportrait de l'artiste), ils sont bientôt rejoint par deux autres peintres partageant la même vision de l'art et de la spiritualité.  Dès lors, c’est à San Isodoro, un monastère franciscain abandonné et délabré,  qu'ils trouvent refuge.  Là, ils vivent en communauté - une communauté monacale basée sur la fraternité.  En raison de leur apparence, ils sont surnommés "les Nazaréens" par les habitants.  Une désignation qui leur va et qui va donner à leur style le nom de mouvement nazaréen, lequel sera ensuite reconnu comme un important courant de l'art romantique allemand de la première moitié du XIXème siècle.  

 

Le comte de Habsbourg et le prêtre

 

Le credo des Nazaréens est que l’art est mission divine.  Ainsi leur mouvement se donne pour but de revivifier la peinture au sens de la foi chrétienne.  Anti-conformistes discrets, ils sont ces jeunes hommes catholiques ou nouvellement convertis, désormais reconnaissables à leur longue chevelure déliée et fluide, portant la cape, une tenue et une façon d'être qui leur donnent l'apparence des disciples du Christ.  Et à San Isodoro, dans ce lieu habité par l'esprit des moines qui les ont précédés, ils peignent majoritairement des sujets religieux.

 

Saint Georges et le dragon (av. 1812)

 

Hélas, Franz Pforr contracte la tuberculose et en meurt à peine plus de deux ans après le beau portrait qu'avait fait de lui son ami.  Il n'avait que 24 ans.  Entre dépression et maladie, combien éphémère aura été son existence.  Et bien qu'ayant montré un talent si abouti déjà, il n'aura pas la chance de vivre assez longtemps pour le voir reconnu. 

 

 

 

— Viviane Caroline SZ, le 05 avril 2024

 

Autoportrait (1807)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

+ de 🎨 ... À suivre ce beau diptyque peint en signe d'amitié et dédié à son ami Johann Friedrich Overbeck (auquel un article prochain sera consacré).  Sur un tableau, ce dernier avait représenté les personnifications de l'Allemagne et de l'Italie.  Et ici, en écho, Franz Pforr représente les deux personnages féminins, l'un, à gauche, dans un décor italien et l'autre, à droite, dans un intérieur allemand (à noter le petit chat blotti tout contre ses jambes).

 

Sulamith et Maria (1811)

 

Pour terminer ... 

 

Paysage côtier à l'approche d'une tempête

 

Le rêve d'Henri II (av. 1810)

 

Tête de Junon d'après un moulage en plâtre

 

Tête de Niobé d'après un moulage en plâtre

 

• Franz Pforr, né en Allemagne, à Francfort-sur-le-Main, le 5 avril 1788 et décédé en Italie, à Albano Laziale, près de Rome, le 16 juin 1812.

🎨 Image de couverture : Portrait de Franz Pforr (1810), par Johann Friedrich Overbeck

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