08 Août - Journée mondiale du chat

C'est tous les jours que nous, amoureux des chats, savourons le bonheur de vivre en leur compagnie ; c'est notre quotidien de leur parler, d'en prendre soin et d'en apprendre.  Nous les aimons et nous aimons les aimer.  Cela nous rend heureux...  donner de l'amour n'est-il pas l'épanouissement même de l'être ?  

Vieil homme avec un chat - Gianni Strino

La simple présence d'un chat, son amitié discrète mais profonde nous fait du bien.
Les vertus du ronronnement ?  Pour ma part je me fiche pas mal qu'on l'appelle "ronronthérapie" !  Car faut-il absolument que le chat soit assimilé aux autres biens consommables de notre temps ? Qu'il soit lui aussi étiqueté, et que sur une fiche produit on lui colle de une à cinq étoiles assorti d'un commentaire sur ses avantages et inconvénients supposés ?  Que son existence à nos côtés doive passer par une sorte de validation "consommateur" ?  Cautionné et avec "certificat d'utilité" ?  
Osons donc assumer que le chat est luxe, que le luxe est chat, et que c'est être privilégié quand un chat nous honore de sa confiance et de son amitié !  Une distinction trop souvent galvaudée...

Rappelons que la JOURNÉE MONDIALE DU CHAT a été initié en 2002 par le Fonds international pour la protection des animaux, organisme fondé par l'activiste Brian Davies qui fit tant pour la cause animale (*).  L'objectif visé par la création de cette journée était d'encourager à protéger et à défendre les droits des félins.  Et l'idée a fait son chemin au point que pas mal de pays, dont les États-Unis et la Russie, ont à leur tour créé des journées nationales du chat, à d'autres dates, en parallèle et prolongement de l'événement mondial.  Parenthèse hors sujet : alors, comme il serait beau de pouvoir se dire, de dire et même de proclamer que puisque les humains qui composent des sociétés aussi divergentes que celles de l'Est et de l'Ouest ont dans le coeur ce même amour des chats, c'est bien qu'en essence ils sont frères humains !  Et en allant un tout petit peu plus loin, ne pourraient-ils alors faire la paix et enfin s'aimer… peut-être un petit peu aidé par la sagesse méditative féline…  Utopie ?  Assumée !  Oscar Wilde ne disait-il pas : "Aucune carte du monde n’est digne d’un regard si le pays de l’utopie n’y figure pas. " 
Je suis de ceux qui pensent que rien ne peut naître sans une dose raisonnable d'utopie… et comme ce serait bien que les chats soient le dénominateur commun des peuples qui les aiment pour que leurs mains se tendent enfin !

Vieille femme nourrissant des chats sur un trottoir à l'île de Ré (1930) - André Kertész

Pour les organisations, les associations, la journée mondiale du chat est l'opportunité d'informer, de renforcer les campagnes contre l'abandon et ceci, hélas, n'étant pas gagné, de lancer des appels à l'adoption.

Souvenons-nous...
"On n'a pas deux coeurs, un pour les animaux et un pour les humains.  
On a un coeur ou en n'en a pas."
— Lamartine

Sandra Bierman

Toute cette belle effervescence autour des chats fait couler pas mal d'encre réelle ou virtuelle (et je n'échappe pas au phénomène !).  
La presse, les médias en général, dont les sites spécialisés, s'expriment sur notre rapport ancestral aux chats, sur ce qu'on a pu leur faire subir au cours des siècles passés, mais aussi sur tout ce qu'on leur doit, sur que l'on a traversé avec eux à nos côtés tout au long de notre aventure humaine… en parallèle, parfois en symbiose, de leur aventure féline.  Alors - et tout cela est utile ! - on nous parle entre autres rappels :

- de la place historique du chat dans nos foyers depuis que l'être humain s'est organisé en sociétés sédentarisées ;

- du rôle qu'il a joué pour protéger nos réserves alimentaires et pour nous débarrasser de certains prédateurs ;

- de sa déification parfois dans certaines civilisations (l'égyptienne en particulier)… idolâtrie qui, il ne faut pas s'illusionner, s'est souvent retournée contre lui ;

- on nous rappelle - et il ne faudra jamais l'occulter ! - sa diabolisation au Moyen Âge et jusqu'au XVIIIème siècle, où, entre autres supplices,  des horribles bûchers de chats furent trop souvent le dernier lieu de leur triste existence - en particulier pour ceux qui avaient le malheur d'être noirs ;

- et comme l'être humain n'est pas à un volte-face près, on va aujourd'hui jusqu'à les dire des auxiliaires de santé exceptionnels.  Certes, pour l'image des chats, c'est plus heureux !  Et dans cette déification moderne, on ne tarit pas d'éloges sur leurs vertus : les chats sont "bons pour le coeur", les gens qui ont des chats souffrent moins d'hypertension, les chats sont bénéfiques pour le cerveau, formidables pour dissiper, voire abolir l'anxiété... de véritables agents relaxants et antidépresseurs.  Etc etc…

Alejandro Jodorowsky

Tout ce qui précède du dernier paragraphe est sûrement très vrai pour ce qui est des impacts sur la santé…  Mais s'il est une chose que l'amoureuse des chats que je suis peut vous dire, c'est bien celle-ci : j'aime tant ma famille féline, chats du passé, chats du présent, qu'à chaque fois que l'un d'eux est en souffrance, à chaque fois qu'il a fallu pour l'un d'entre eux une hospitalisation ou une intervention, ou pire, à chaque fois que la vieillesse ou l'issue fatale d'une maladie les m'ont ôtés… eh bien, j'ai souvent cru que mon coeur allait s'arrêter de battre à force de chagrin ou d'anxiété devant un diagnostic réservé ; ma tension est montée ou a chuté sous l'effet de l'angoisse de leur devenir ; et mon moral s'est effondré au point d'en pleurer, pleurer, pleurer, et de n'en pouvoir faire mon deuil… "En dépression" dit-on alors commodément à notre époque où le chagrin est devenu une maladie quand il n'est pas vu comme une faiblesse, voire une faute  !

Ceci pour dire que quand on aime, on se soucie, et que si l'amour est médecin, sa perte est une faucheuse…. Et toutes les personnes qui aiment leurs chats passent par les mêmes affres quand un malheur les touche.

Je l'avoue, cette instrumentalisation des chats, tantôt considérés comme des dieux, tantôt comme des diables, tantôt encore comme des thérapeutes me met mal à l'aise.  Gênée qu'on se sente portés à "justifier" l'amour en le réduisant à un rôle utilitaire (les "utiles" versus les "nuisibles" somme toute)…  Et même je trouve consternant de réduire l'amour à une fonction.  
Le chat est comme l'amour : il est luxe, luxe rare et précieux, et luxe indispensable.
Le chat est beauté et mystère, et chaque regard qu'il pose sur nous fait naître une étincelle qui s'en va nourrir l'énergie d'amour qui nous baigne.

La fille au chat - Charles Camouin

Alors, aidons les chats, la cause qu'ils représentent ! Peut-être parce qu'ils nous aident... mais surtout parce qu'ils nous aiment !  De ce miracle soyons dignes !

— Viviane Caroline SZ, le 08 août 2023

(*)
Le Fonds international pour la protection des animaux - à l'origine de la JOURNÉE MONDIALE DU CHAT - a été créé au Canada en 1969 par le militant gallois, pionnier du bien-être animal Brian Davies (né en 1935 et décédé en décembre 2022 à l'âge de 87 ans).

🎨 • Image de couverture : Meta Plückebaum (1876-1945)